Gorillas vient d’annoncer une évolution de son modèle. Après avoir misé sur une croissance très rapide, l’entreprise va concentrer ses efforts sur la rentabilité. Une évolution qui devrait impliquer un retrait de Gorillas de plusieurs de ses marchés, et ce, avant son introduction en bourse.
Face au risque de récession, les investisseurs seraient désormais moins enclins à investir des sommes importantes dans certains secteurs, comme celui de la foodtech. Et, dans bien des cas, à l’image de Gorillas, les entreprises elles-mêmes, réorientent leur objectif, vers plus de rentabilité et moins de croissance.
Vers un retrait de certains marchés ?
Dans un communiqué, Gorillas, dont le siège se situe à Berlin, rappelle que 90 % de son chiffre d'affaires est réalisé en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux États-Unis ; des marchés sur lesquels l’entreprise s’est d’ores et déjà "engagée sur la voie de la rentabilité".
Mais pour la Belgique, le Danemark, l’Italie et l’Espagne, Gorillas annonce "examiner toutes les options stratégiques possibles". Une déclaration interprétée par les analystes comme le signe que l'entreprise s’apprête à se retirer de ces marchés.
En plus de cette annonce, Gorillas a donc fait part de sa volonté de se séparer de 300 de ses employés dans le monde.
"Même si cette décision a été extrêmement difficile, nous nous devions de la prendre, pour aider Gorillas à devenir une entreprise plus forte et plus rentable, en se concentrant davantage sur ses clients et sa marque", ajoute la société dans ce communiqué.
"Avec nos investissements actuels, nous renforçons notre position à la fois financière et stratégique, pour l'avenir."

Getir réduit également ses effectifs… les entreprises de livraison de courses et de nourriture se concentrent désormais plutôt sur les bénéfices que sur l’expansion de leur activité.
Des investissements en hausse, mais une quête de rentabilité
La Newsroom de SIAL Paris a déjà eu l’occasion d’aborder cette information : les entreprises de livraison de repas ont été soutenues par d’importants investissements, avec Gorillas et Getir parmi les principaux bénéficiaires de l'enthousiasme manifesté pour ce secteur.
Gorillas aurait ainsi attiré 1,3 milliard de dollars d'investissements, tandis que Getir, dont le siège se situe à Istanbul, a reçu 1,8 milliard de dollars.
D’après certaines évaluations, Gorillas, fondée il y a tout juste deux ans, en mai 2020, vaut désormais 3 milliards de dollars.
Et si ses dirigeants souhaitent désormais se concentrer sur la rentabilité, c’est que la société projette d’entrer en bourse, dès que ses bilans financiers se révèleront positifs.
Getir, créée en 2015 et basée à Istanbul, était valorisée à 11,8 milliards de dollars en mars, au moment d’annoncer un opération de levée de fonds, de série E, et d'une valeur de 768 millions de dollars.
La société envisage maintenant de supprimer environ 14 % de ses effectifs mondiaux, ce qui, selon les estimations, équivaut à environ 4 500 suppressions de postes.

Globalement, les services de livraison de repas connaissent toujours une croissance de leur activité, même si certaines entreprises réduisent leur effectif.
Un troisième acteur, Zapp en l’occurrence, envisage également de réduire ses effectifs, d'environ 10 % selon les premières indications.
Basée au Royaume-Uni, Zapp a été fondée en 2020 — tout comme Gorillas — à une époque où la pandémie de Covid-19 provoquait un pic de ventes pour les entreprises de ce secteur.
Mais avec le retour à des habitudes de consommation pré-pandémiques, les valorisations de nombreuses entreprises du secteur ont reculé par rapport à leurs sommets.
Quelle tendance à long terme ?
La tendance à long terme reste toutefois très positive, notamment parce que le fait de commander des produits alimentaires sur des téléphones portables est devenu une pratique courante pour de nombreux jeunes adultes résidant dans les grandes villes.
En effet, comme le soulignait la Newsroom de SIAL Paris en avril dernier, le secteur connaîtra, en moyenne, un taux de croissance annuel composé de 15,94 %, jusqu'en 2029 (si l’on en croit une étude d'A2Z Market Research).
Autre information liée à ce secteur et assez révélatrice de cette tendance de fond, Felix Capital a récemment annoncé investir dans les services de livraison de nourriture, avec une levée de fonds de 600 millions de dollars supplémentaires. Ce qui porte à 1,2 milliard de dollars le montant sous gestion par Felix Capital.
C’est ce même fonds, qui a déjà investi dans Deliveroo, et qui cherche maintenant à investir dans une vingtaine d'entreprises de la foodtech, celles qui font le « la » des tendances et des comportements alimentaires, chez les consommateurs. Les services de livraison de repas pourraient vraiment représenter une cible de choix !
Pour en savoir plus sur la Foodtech et sur les évolutions de ce secteur, rendez-vous sur SIAL Paris, qui se tiendra du Samedi 15 au Dimanche 19 octobre 2022, à Paris Nord Villepinte. Retrouvez toutes les informations sur le salon ici.